vendredi 26 novembre 2010

Hans Bellmer, le Jeux de la Poupée ou l'Anatomie du Désir


"Je voulais construire une fille artificielle, aux possibilités anatomiques capables de " rephysiologiser" les vertiges de la passion "
902 – 1975) est un sculpteur et photographe d’origine allemande.
Hans Bellmer (1902 – 1975) est un sculpteur et photographe d’origine allemande (Silésie).

En 1933, Hans Bellmer est opposé au régime nazi, ce rejet lui inspirera sa première oeuvre, née en 1934,  il nommera cette merveille, "La Poupée", oeuvre dérangeante le pouvoir nazi, qui y voit l'expression d'un déviant.


Celle-ci est représentée par une sculpture de taille quasi-réelle (1,40 m), à l'image d'une jeune fille multiforme, aux cheveux foncés, coupés en frange sur le front, ornés sur le haut de la tête par un grand nœud raide, seulement vêtue de chaussettes blanches et d'escarpins de vernis noir, une grande poupée composée de nombreux membres pouvant être articulés les uns aux autres par des boules, une grosse boule, le ventre, sur laquelle peuvent s'articuler encore deux bas-ventres, quatre hanches articulées aux quatre cuisses, celles-ci articulées aux quatre jambes, et un buste à plusieurs seins, la tête et le cou amovibles.


Hans Bellmer joue avec sa Poupée et multiplie les variations avec les différents éléments de son corps; tantôt, par exemple, amputée aux genoux, la tête, décapitée, posée en arrière des deux boules des hanches figurant jeune arbre; ou, autre exemple, devenu monstre à quatre jambes, deux en haut, deux en bas, articulées à la boule centrale du ventre, mobile et suggérant la danse et la provocation du désir d'autrui, photographiée ici dans les bois, là sur un parquet, dans un grenier, vautrée tordue sur un matelas, deux jambes habillées d'un pantalon noir d'homme; ou à moitié démantelée, amputée d'une jambe, jetée dans un duvet, froissé par sa chute et son poids. Les photos étaient polychromes, Bellmer les coloriait de teintes changeantes sur la même photo, tantôt pastel, chair, rose pâle, rose plus soutenu, mauve, bleu clair, mais aussi de couleurs vives, rouge, jaune, bleu canard.


La Poupée est érotique, c'est une « créature artificielle aux multiples potentialités anatomiques », par laquelle Bellmer entend découvrir la « mécanique du désir » et démasquer « l'inconscient physique » qui nous gouverne; elle est enfantine, mais également victime de perversions sadiques; ainsi démembrée, violentée, violée, elle correspond au désir de l'artiste de voir la femme accéder « au niveau de sa vocation expérimentale".



La femme selon l'artiste serait comme une anagramme. Les photographies de la poupée séduisent les surréalistes qui décident de les publier dans la revue "Minotaure".

 A la création de la "seconde Poupée", il publie les photographies dans un ouvrage intitulé les « Jeux de la poupée" accompagnées d'un poème de Paul Éluard.

"Les jeux de la poupée" conduisent vers un monde étrange et inquiétant qui caractérise toute l'oeuvre de Hans Bellmer par les images violentes, cruelles et très actuelles qu'elles représentent. Elle est l'oeuvre d'un artiste dont l'imagination érotique obsessionnelle se focalise sur la figure emblématique d'une poupée sexuée fabriquée de ses mains.

Les corps féminins sont démontés, désarticulés, mutilés, et monstrueusement reconstruits pour être finalement déformés, ficelés et pénétrés, comme dans une référence à Sade, à qui il dediera à la fin de sa vie, un ensemble de gravures.

L'ensemble de ces photographies sont peintes à l'aniline par son ami Christian d'Orgeix et lui-même.
En 1957, Bellmer publie un texte-traité "Petite anatomie de l'inconscient physique ou petite anatomie de l'image" qui entend témoigner de sa démarche.